Conte de Noël : L'enfance du veteran
Ma mère voulait une fille. J'étais un garçon. Je serais le coco à maman, toujours dans ces jupes. Pas facile à supporter quand on arrive à un certain âge. Pour elle un enfant c'était une poupée.
Mon père, qui avait servi d'étalon, après ces années de guerre, n'avait pas voulu rempiler dans la légion étrangère. A l'époque pour vivre sous le même toit il fallait être marié, pas de concubinage. La honte était pour la famille. Pour les voisins, mon père serait donc " le logeur. Un mensonge pour permettre à ma mère de garder sa pension de veuve de guerre. Seule dans une grande maison " le logeur " pouvait donner le change, on se marierait plus tard, pour l'enfant. C'était de l'hypocrisie; Les gens feraient semblant de croire à cette fable, le " Qu'en dira t-on " Pourtant très craint en ce temps là, oublié. L'honneur serait sauf.
Peu de temps après ma naissance, en 1947, le rationnement existe toujours. Mon père doit passer en Belgique pour m'acheter du lait. Ma mère lui avait donné de l'argent. Il ne sait pas se passer de boire, un reste de son séjour à la légion ?. Son absence dure trois jours, il fait la noce. A cette époque ma mère avait encore quelques économies, l'argent d'un café vendu, exploité avec son mari avant la guerre, l'argent de la vente de plusieurs maisons qu'elle possédait. A son retour mon père n'avait plus d'argent, pas de lait, le comble; Elle devait payer le taxi qui avait ramené mon père complètement cuité.
Le temps passait, à la maison la vie devenait difficile. Pour mon père les beuveries, les brimades, les affronts, les infidélités continuaient. Le chagrin de ma mère grandissait. Elle supportait tout. Pour cet enfant qu'elle avait tant désiré.
J'avais 8 ans, pour que cesse enfin son calvaire, ma mère exigeât le départ de mon père, devant son refus, il ne restait plus que l'intervention de la police pour le faire expulser. Légalement il n'était que logeur. Il avait une semaine, pour faire ses valises, trouver un logement et sortir de notre vie. Durant ces huit jours, nous étions, ma mère et moi, dans la famille proche. Je me souviens de ces vacances forcées. On était au calme, on avait la tranquillité. Plus de disputes, plus de cris, quelle joie, je ne voyais plus maman pleurer. Mon oncle et ma tante étaient très gentils, ils faisaient le maximum pour que leur logis, soit le nôtre.
Nous attendions avec impatience le feu vert de la police. On voulait rentrer à la maison. Honnêtement, des craintes subsistaient, quelle serait la réaction de mon père ?. Allions nous vivre en paix ?. Sa violence alcoolique prendrait-elle le dessus ?. Mon père pourrait aussi venir faire du scandale dans le quartier ?. Seul l'avenir nous le dirait. Une nouvelle vie commençait... pour ma mère et moi.
A deux... Nous avions réorganisé notre vie. Nous avions réintégré notre domicile. Mon père ne pouvait pas approcher de notre maison. Je devais apprendre à me débrouiller seul. Ma mère avait repris son travail à la filature pour subvenir à nos besoins. Les huit ans que mon père était resté chez nous avaient été suffisants. Il avait réussi à dépenser toutes les économies de ma mère. Mon emploi du temps était simple, le matin, dès son départ vers 5h je me levais. Je prenais mon petit déjeuner, je faisais ma toilette, j'apprenais mes leçons et faisais mes devoirs. La T.S.F. ( radio ) fonctionnait toujours, me tenait compagnie. Ensuite le départ pour l'école; j'y passais la journée, le midi je mangeais à la cantine. La classe finie, je jouais avec les copains du quartier. Quand il était l'heure, ma mère m'appelait, la soirée on écoutait la T.S.F.. Pour l'équipe de l'après-midi, j'étais seul le soir. Je préparais la table. J'attendais le retour de ma mère en écoutant la T.S.F.. La famille Duraton était le plus célèbre des feuilletons.